Devenir parent est un bouleversement pour chaque homme et chaque femme. C’est un heureux évènement qui nous fait basculer d’un monde où nous n’étions responsables que de nous mêmes, et où nous avions la liberté plus ou moins égoïste de faire ce que l’on veut (ou presque) de notre temps à un autre univers où un petit être complètement dépendant de ses parents nous demande nos nuits notre totale attention, notre amour, notre énergie, notre patience, notre dévouement. Notre enfant change complètement notre existence en imposant son rythme et ses contraintes : le nourrir à la demande pour celles qui allaitent, lui donner le biberon à heures bien précises, le laver, le coucher tous les jours aux mêmes horaires, se rendre régulièrement chez le pédiatre.
Avant de devenir parent, regarder souvent sa montre pouvait être un choix. Avec des enfants, c’est obligatoire, c’est la montre qui règle la vie de la nouvelle famille. Et cette montre devient facilement la dictatrice.
On se réveille le matin toujours au même moment pour aller au travail, à l’école, à la crèche… C’est le début d’une course qui se répète quotidiennement. Ceux travaillent comme moi savent ce qu’est le stress d’avoir le même temps limité pour s’habiller, petit-déjeuner, préparer les enfants qui ne comprennent pas qu’il faut se dépêcher ou n’aiment pas être pressés et les déposer chez leur nounou et/ou en classe …
Le moindre petit imprévu : un enfant renverse le lait sur lui et/ou sur nous, un sol de vomi à nettoyer, un front plus chaud que d’habitude et donc une température à prendre et c’est le risque : de louper son train, se retrouver devant une grille fermée à l’école, se faire gronder par les auxiliaires de puériculture de la crèche, d’arriver en retard à sa réunion… Pour les parents, se lever plus tôt n’est pas forcément gage de ponctualité car les enfants ne sont pas des robots contrôlables. De plus, un parent ça a besoin de sommeil.
Et c’est en repensant à la manière dont se déroulent mes journées chronométrées à la seconde près, à la façon dont mes amis parents stressent en permanence à l’idée de ne pas avoir fait à l’heure ce qu’ils auraient dû (faire les courses, acheter des vêtements d’enfants pendant les soldes, aller à la brocante, acheter un cadeau d’anniversaire, aller au pressing, voir la famille etc etc ) que je me pose des questions sur le pourquoi de tout ça. Pourquoi le temps semble manquer, pourquoi ce sentiment permanent d’urgence, d’aller vite ? Après tout, la machine à laver, le lave-vaisselle (et maintenant le robot aspirateur) sont là pour nous décharger du ménage et nous laisser plus de temps libre. Les 35 heures sont passées par là et elles nous promettaient moins de temps de travail, plus de loisirs ou d’ennui quand on a pas l’argent pour les loisirs.
Aujourd’hui qui connaît l’ennui ? Même pas nos enfants qui ont en besoin pour se construire dixit les psychologues.
Pourquoi autour de moi, les salariés bossent énormément et sont de plus en plus surchargés ? Alors que l’informatique devrait automatiser le travail et donc réduire l’activité professionnelle … Pourquoi le temps de repas à la cantine se réduit à peau de chagrin ? J’ai des collègues qui presque tous les jours renoncent à la cantine et préfèrent manger un sandwich pour gagner du temps….Je les comprends mais je vois les choses autrement…je pense que la santé c’est notre bien le plus précieux et déjeuner tous les jours en 15 min top chrono ne la favorise pas. Surtout avec de la junk food.
Nous sommes en 2017, avec un peu de curiosité, il est facile de savoir comment bien manger pour être en bonne santé et pourtant la majorité des familles consomment des produits industriels, des plats surgelés, utilisent un micro-onde pour cuisiner…Où est le progrès ? Est-ce comme ça que je veux que mes enfants vivent ? Stressés dès le lever parce que je les presse en leur rabâchent comme un automate les mêmes phrases insistantes : « dépêches-toi », « habilles-toi vite », « finis vite ton petit-déjeuner », nourris de knackys, de repas préparés en 5 min chrono, habitués à surveiller la montre pour ne jamais être en retard, mis devant la télé pour avoir un peu repos, grondés parce qu’à 22h 20h pétantes ils ne sont pas couchés, endormis avec une histoire expédiée en 2 temps, 3 mouvements, lue sans véritable présence de ma part pour pouvoir avoir un peu de temps pour soi ? J’ai lu quelque part que nous ne parlons pas plus de 15 minutes pas jour à nos enfants, c’est effarant !
La société avide de productivité et d’efficacité, pour laquelle le temps c’est de l’argent, nous pousse dans le monde professionnel à optimiser son temps, il faut faire un maximum de tâches en un minimum de temps. Chaque heure, chaque minute compte. Il faut aller vite au risque de ne pas atteindre ses objectifs, ne pas être augmenté, ne pas conserver son poste. Et cette culture du travail dans l’urgence, en plus de fatiguer sur le long terme, stresse et pire encore contamine la vie privée. Au travail, on nous demande énormément de sujets à traiter en parallèle avec un temps limité.
A la maison, on fait pareil. Je suis le genre de personne qui a une liste interminable de choses à faire, le fait d’être maman solo en est une bonne explication mais c’est pareil pour les parents en couple. J’en connais qui le samedi enchaînent lever matinal, dépôt de l’enfant à son cours de musique/danse/chant/théâtre/judo/anglais…(liste non exhaustive), courses au supermarché, repas au mac do (pas cher et surtout très rapide), ballade au parc, préparation du dîner presque pas parfait avec en option des invités...tout ça fait dans un rythme effréné, montre en main. Faire énormément de choses c’est bien…sauf quand ça stresse, quand on y trouve pas de plaisir, quand on s’énerve parce que la route est embouteillée et qu’on avance pas assez vite, parce que le client devant nous à la caisse est trop lent à déposer sur le tapis ses courses, parce que la file d’attente pour payer les soldes stagne…Que le lundi matin, on commence la journée fatigué(e) du week-end. Le week-end, c’est pas le moment de la semaine où on se repose ? Où on prend le temps de trainer ? Où on recharge nos batteries ? C’est quoi le repos dominical ?
Je crois que la patience a disparue. Nous ne sommes plus habitués à attendre. On n’oublie qu’un bon repas demande de la préparation. Nous sommes la génération micro-onde élevée au fast food.
Attendre c’est être frustré. Tout doit aller vite : ce qu’on produit au travail et ce qu’on doit nous livrer depuis la commande passée sur internet. Je me souviens d’une discussion avec un commerçant d’une cinquantaine d’année qui me parlait de sa nostalgie du passé, qu’avant avec sa femme ils avaient du plaisir à économiser des mois et des mois pour acheter une belle armoire en bois qu’ils avaient achetée après plusieurs visites en brocantes ou boutiques spécialisées. Qu’ils s’étaient bien renseignés avant de choisir. Que l’attente était une forme d’excitation. Aujourd’hui m’a-t-il dit, on va sur internet, on achète et la livraison n’est qu’une affaire de quelques jours voire quelques heures si on paie plus. Aussitôt le produit consommé, on pense au prochain qu’on achètera.
Les relations amoureuses, c’est pareil. Pas besoin de prendre le temps de se connaître, de sortir dans des lieux publics pour faire des rencontres. Avec des applications comme tinder, si ta photo plaît et que le mec à qui tu plais, te plaît, vous pouvez vous rencontrer, consommer la relation et plus si vous avez le temps affinités … Le speed dating, c’est lié à cette urgence de faire un maximum de rencontres en très peu de temps…Il permet de discuter avec 10 célibataires en 10 minutes. Mon bon sens me dit que qualité rime avec temps...Quelque chose qui se construit le temps d’un éclair, même celui du coup de foudre, a des chances de finir aussi vite. En même temps, pourquoi prendre le temps de connaître l’autre quand on a pas le temps ? Et pourquoi continuer avec cet autre s’il présente un défaut ? Après tout avec le monde entier à portée de clic, on a tellement d’autre profils prometteurs à adopter rencontrer ?
Bref notre société est pleine de paradoxes, de contradictions :
- On peut vivre plus de 100 ans mais on a peur de vieillir
- On veut tous se faire surprendre par l’imprévu d’un amour vrai et romantique mais de plus en plus de rencontres sont virtuelles avec la question peu poétique de début de chat » asv ? » (âge, sexe, ville )
- On a pleins d’amis sur facebook mais de plus en plus de gens se sentent seuls
- C’est le culte de la psychologie positive, on veut des enfants
parfaitsheureux mais on a pas le temps de s’en occuper - On a pleins d’appareils électroménagers mais le désordre et la poussière sont toujours là
- On sait qu’il faut manger 5 fruits et légumes
de préférence sans pesticidespour être en bonne santé mais mac do a toujours autant de clients
Ca fait réfléchir non ? Qu’en pensez-vous ?
Plus le temps passe, plus je réalise qu’il file tellement vite et qu’il est limité et précieux. Petit à petit, je comprends ce que je ne veux plus et me dis qu’en ces temps où la vitesse est valorisée, j’apprends à écouter davantage mon bon sens et mes priorités au lieu de fixer mon regard sur l’horloge et ceux que les autres font de leur temps. Chacun est différent et gère son temps comme il veut. Facile à dire de se focaliser sur ce qui est le plus important sur soi, difficile à faire mais tellement important ! Ne pas se laisser influencer par la société, la publicité, les autres…
Je termine par les propos inspirants du philosophe Thierry Paquot : «il faut du temps de l’ennui, du temps perdu, du temps pour la rêverie, du temps de récréation (…), il faut prendre du temps avec ses enfants, en amour… »
Pour moi, 2018 sera donc plus slow.
Quelle est votre opinion ? Dites-moi dans les commentaires si vous avez le sentiment de vivre un compte à rebours permanent ?
S’EPANOUIR, c’est aussi ralentir, prendre du temps pour ce qui est important.
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