Parent solo : faut-il le dire à l’employeur ?

mamasolo-travail

Je me suis posé la question car être maman ou papa solo a des répercussions sur le travail. N’étant pas du tout motivée pour parler de ma vie privée à mon manager mais en même temps me disant que ça expliquerait des nouvelles contraintes horaires liées à la garde des enfants, ce dilemme m’a torturé l’esprit. Et internet ne m’a pas aidée à répondre à la question d’où cet article sur le sujet.

Cette question est tout sauf simple. Car les collègues de travail et la hiérarchie ne sont pas censés être nos amis et parler de sa vie privée en entreprise c’est comme la religion et la politique. Certains parlent de leurs opinions sans tabous …à leurs risques et péril. Pareil pour la situation de parent célibataire, certains éprouveront de la compassion, voudront apporter un soutien, d’autres seront indifférents en pensant : « tout le monde a ses problèmes », d’autres jugeront ou profiteront de cette situation de faiblesse pour servir leurs propres intérêts professionnels. L’entreprise est le reflet du monde avec ses bons et mauvais côtés. Et s’exposer à parler de sa situation personnelle c’est prendre le risque d’être écouté(e) et soutenu(e) ou d’être au contraire mis(e) au placard voire encouragée plus ou moins gentiment à la démission ou licencié(e).

La peur de l’étiquette de parent solo est légitime car au travail ce qui prime c’est la reconnaissance non pas de ce qu’on est dans la sphère familiale mais la reconnaissance de ce qu’on apporte à l’entreprise pour son développement.  Annoncer à un entretien d’embauche ce statut peut effrayer le recruteur qui imagine les jours enfants malades qui seront posés, le manque de disponibilité, de flexibilité . Dans la même veine, quand on est déjà en poste et que la rupture du couple a eu lieu, l’annoncer à sa société surtout à son chef c’est prendre le risque de ne plus se voir confier des missions intéressantes, de nouvelles responsabilités, une promotion, une augmentation si c’est ce qu’on souhaite.

Avec le recul je pense que la première chose à faire, avant d’en parler, c’est de s’organiser pour bien concilier vie familiale et professionnelle. J’entends par là qu’il est important de savoir comment faire garder ses enfants,  à quelle heure ils seront déposés le matin à l’école tous les jours , qui s’en occupe à la sortie d’école ? Qui peut dépanner pour les garder en cas d’imprévu au travail : les voisins , l’ex, une baby-sitter, une assistante maternelle, un(e) ami(e), la famille ? Car il faut bien prendre conscience que le problème ce n’est pas d’être parent solo, c’est de risquer de manquer de disponibilité, d’investissement au travail.

Pour un entretien d’embauche, il n’est pas obligatoire de parler de son statut de parent séparé ou divorcé.  Néanmoins si la question est posée, la franchise s’impose selon moi car une relation de confiance doit se construire sur la vérité. Ce qui est important c’est de répondre en insistant sur :

  • le fait que nous sommes bien organisé(e)s, que nous avons bien planifié notre future prise de poste en ayant trouvé les bonnes personnes qui s’occupent des enfants et nous permettent d’être disponibles au travail
  • notre état de santé et celui de nos enfants : si tout le monde va bien, c’est bien d’en parler. Ca rassure l’employeur qui n’a pas envie d’un salarié qui multiplie les arrêts maladies
  • si les enfants sont grands et donc autonomes, c’est une bonne chose de le dire aussi surtout s’ils peuvent rester seuls à la maison
  • une garde alternée est peut-être plus facile à accepter pour une entreprise car une semaine sur deux, le collaborateur peut éventuellement lever le pied et rentrer plus tôt chez lui et l’autre semaine il peut compenser,  travailler plus pour gagner plus donc si c’est le cas autant le préciser
  • j’ai vu un reportage sur une maman solo à la télé qui avait beaucoup de mal à joindre les deux bouts et cherchait  un travail pour s’en sortir. Elle a trouvé le poste qu’elle convoitait et l’une des raisons pour lesquelles elle a été embauchée c’est parce que son employeur sait qu’une maman solo  a besoin d’argent donc qu’elle est motivée par son travail, consciencieuse et fidèle, des qualités très recherchées en entreprise. Parent solo c’est pas automatiquement un handicap.

Je pense que lors d’un entretien d’embauche qu’on soit solo ou pas ce qui est primordial c’est vraiment sa confiance en soi et donc si on arrive à l’entretien en paraissant motivé(e), dynamique, en démontrant notre capacité d’organisation, de débrouillardise et en étant sûr(e) de soi, on augmente nos chances d’être embauché(e)s. Ce n’est pas facile surtout après une rupture amoureuse où la confiance en soi est mise à mal mais ça se travaille. Ce n’est de toute façon pas la peine de se rendre à un entretien en se disant : « j’y vais mais de toute façon je ne serais pas pris(e) comme je suis parent solo ». Il faut vraiment y croire. Et garder en tête que parent solo ce n’est plus si rare qu’avant. Je crois vraiment qu’une maman ou papa solo peut dégager deux types d’énergies :

  • la faible énergie d’une personne à bout qui veut coûte que coûte travailler sans trop y croire
  • l’énergie d’une personne courageuse, battante qui en veut, responsable, qui a confiance en ses compétences, s’est organisé(e) pour que ses enfants ne soient pas perçus comme un handicap à l’occupation de son poste et qui ne risque pas de démissionner du jour au lendemain parce qu’elle a des enfants à nourrir

Lorsqu’on est en poste et qu’on doit gérer seul(e) ou une semaine sur deux nos enfants, une adaptation des horaires de travail peut être nécessaire (arriver plus tard le matin, rentrer plus tôt le soir) et donc difficile de cacher son nouveau statut solo à sa société. Pour ma part,  étant obligée  de quitter le boulot assez tôt tous les jours pour récupérer les enfants alors qu’avant mon ex et moi le faisions en alternance, mon métier me le permettant, j’ai demandé à faire du télétravail dans la semaine et quand il y a des grèves de transport. (Du coup je ne râle plus quand il y a des grèves, au contraire). J’ai donc eu intérêt à expliquer que je suis maman solo et que le télétravail me permet de perdre moins de temps dans les transports et de travailler chez moi ce qui profite à l’entreprise et me rend plus efficace.

 L’autre intérêt de parler de sa rupture ou son divorce c’est d’expliquer une baisse de productivité, d’efficacité à son travail car malheureusement ça pourra arriver. Une séparation c’est très fatiguant nerveusement alors c’est une bonne chose de mettre au courant son supérieur hiérarchique.

D’autre part, pour ceux qui étaient mariés et qui vont enlever leur alliance suite à la rupture, il y a des chances que des collègues observateurs le remarquent et là ce sera difficile de mentir sauf à inventer des réponses bidons pas toujours crédibles comme : « je l’ai fais nettoyer », « j’ai grossi des doigts », « je l’ai perdue » etc etc

Certaines grandes entreprises offrent la possibilité d’avoir deux fois plus de jours enfant malades que les autres quand on est parent isolé à condition de le signaler à son employeur.

En résumé, de mon point de vue,  il sera compliqué de cacher la vérité parce que cette situation de famille mono-parentale a des impacts sur notre comportement au travail et l’équilibre travail-famille qui est à redéfinir. Après pour les plus discrets comme moi, il n’est pas obligatoire d’en parler à tous ses collègues, le plus important c’est d’en parler à ceux qui ont besoin de le savoir : le patron surtout, éventuellement les RHs, l’assistante sociale de l’entreprise s’il y en a une, le médecin de l’entreprise…

Et toi t’es tu posé cette question ?  Selon toi, quelle est la meilleure attitude vis-à-vis de l’employeur ? As-tu une expérience à partager ?

[blog_subscription_form]
About the author

lanouvellemamansolo

Le site de référence pour les parents en recherche d'épanouissement personnel après une séparation ou un divorce... Pour en savoir un peu plus sur moi, RV sur ma page "A propos" ;)

8comments

Leave a comment: