Le choix de la garde alternée favorise-t-elle l’épanouissement de l’enfant ?

A l’époque où nous vivons dans plus en plus de liberté de faire des choix de vie qui nous épanouissent, assumer les responsabilités qui en découlent, n’est pas toujours facile. Une fois que la décision de se séparer ou de divorcer a été prise, le plus dur reste d’organiser cette nouvelle vie de parents solos.  

Sans enfants, une rupture est plus simple car même si le deuil de l’amour est douloureux, l’oubli de l’autre partenaire est favorisé par la prise de distance immédiate. Et au final, les deux adultes responsables de la relation dégradée, sont les seules victimes de cet amour qui prend fin.

Quand on est parent, maman ou papa, la peur de traumatiser son enfant par la séparation et le manque d’expérience sur le sujet du divorce et ses impacts, crée de l’angoisse et de la peur sur l’avenir de la famille monoparentale. 

La garde alternée ou partagée est-elle la solution adaptée à l’intérêt des enfants  ?

Le monde change, le divorce n’est plus tabou et de plus en plus de pères trentenaires et quarantenaires souhaitent s’investir dans l’éducation de leur enfant. Les hommes veulent de plus en plus passer du temps avec leur petit garçon ou leur petite fille. C’est une tendance grandissante qui encourage la société à de plus en plus valoriser le rôle de père.

La mise en place d’une garde alternée ou partagée repose sur l’idée de donner des droits égaux à la mère et au père en cas de divorce.

Pour rappel, la garde alternée ou partagée se définit par la résidence de l’enfant à deux adresses en alternance. La durée de cette alternance est dépend du choix d’organisation des parents : une semaine sur deux, deux semaines sur deux, trois semaines….

La garde alternée peut-être considérée comme une solution mathématique à un problème humain. Pour ne léser aucun parent et sous prétexte qu’ils sont égaux, l’enfant va devoir partager la moitié de son temps chez sa mère et l’autre moitié chez son père.  Certes avec ce nouveau mode de vie, l’enfant est équitablement partagé à 50% entre ses parents. Cette solution de garde paraît juste pour le père et la mère mais est-ce que cette justice est véritablement profitable à l’enfant ?

Est-ce que découper le temps de vie de l’enfant en deux parts équitables pour ses parents fait son vraiment bonheur ?

 Comme toutes les situations familiales sont différentes et que la qualité de la communication entre les parents n’est pas toujours bonne, le choix de mode de garde qui marche pour une famille ne marchera pas pour une autre.

Les bonnes questions permettent de réfléchir aux solutions les plus constructives. Et avant de choisir le meilleur mode de garde de l’enfant, la question à se poser est : « comment protéger les enfants de notre séparation et faire en sorte qu’ils se sentent le mieux possible ?« .

Prenez le temps de répondre à cette question car c’est à partir des réponses que vous obtiendrez que vous pourrez écrire le chapitre d’un nouveau cycle de vie.

Les éléments à prendre en compte pour décider du mode de garde de son enfant

Pour répondre à cette question cruciale, vous devez prendre en compte les éléments suivants :

1. La motivation de chaque parent pour adopter une garde partagée : vous devez tous les deux choisir la garde alternée parce qu’au plus profond de vous, vous pensez que c’est le meilleur choix pour l’enfant. Le choix de ce mode de garde doit reposer sur la condition que père ET mère sont convaincus que c’est un choix positif pour tout le monde.

Si l’un des parents choisit la garde alternée pour uniquement punir l’autre parent alors c’est l’enfant qui va, en premier souffrir, de ce choix. Dans ce cas, pour préserver cet enfant qui est instrumentalisé et manipulé pour nuire à l’autre parent, la garde alternée est à proscrire à tout prix.  L’enfant sera au milieu de conflits interminables et subira des tensions et de la violence gratuite. En effet, si l’entente entre les parents est très mauvaise, le passage de l’enfant d’une résidence à l’autre, sera le malheureux théâtre de scènes très dures à vivre pour lui : reproches du parent toxique, insultes, cris du parent malsain, culpabilisation de l’enfant lorsqu’il quitte le parent manipulateur, pleurs de l’un des parents, explosion de colère de l’un des parents, critiques et engueulades etc etc

Si l’un des parents est contre la garde alternée, il est important de comprendre ses objections et de trouver un compromis acceptable entre le père et la mère. Cet exercice pourra se faire avec l’aide d’un médiateur.  N’hésitez pas en tant que parents de consulter des psychologues mais aussi des pédiatres ou des médecins qui pourront vous donner leur avis. Demandez aussi l’avis à vos amis parents qui sont en garde alternée. Ils vous donneront peut-être des réponses contradictoires mais l’exercice vous permettra de vous construire votre propre opinion sur le sujet.

Parce que si l’un des parents impose la garde alternée en ayant recours à un juge, c’est signe que  l’enfant de parents divorcés va grandir dans un climat conflictuel.

En résumé, ce qu’il faut retenir de ces premières réflexions, c’est que l’idéal, c’est d’avoir une mère et père qui sont d’accord sur le mode de garde.

Un avocat pourrait aussi vous conseiller dans le mode de garde le plus adapté à votre situation mais il vous renseignera davantage sur les aspects légaux de votre situation que sur les enjeux psychologiques pour l’enfant. Un bon avocat défend vos droits mais n’attendez surtout pas de lui de jouer le rôle de psychologue car ce n’est pas son rôle. Un bon avocat a beaucoup de travail et n’a pas le temps de jouer le rôle de psychologue.

2. L’âge de l’enfant :  ils existe des livres écrits par des sociologues et de psychologues qui donnent chacun leur point de vue sur l’âge à partir duquel un enfant peut mieux vivre une garde alternée. Mais ces livres ont chacun des points de vue différents sur le bon âge pour un enfant apte à être en garde alternée. A cette question de l’âge, faites donc confiance à votre ressenti et à votre avis de parents. Mamans et papas, nous sommes beaucoup plus intelligents que nous pensons pour comprendre les vrais besoins de nos enfants et nous y adapter. Et n’oublions surtout pas que nous connaissons mieux nos enfants que les experts. Pour ces raisons, il est essentiel d’écouter son bon sens d’adulte. Par exemple, si l’enfant est encore allaité par sa mère, est-ce confortable pour son bon développement qu’il soit en garde alternée ? La réponse est bien évidemment, non ! Comment pourra-t-il être alimenté à la demande par le sein de sa mère si elle n’est pas en permanence avec lui ? Toujours en écoutant votre raison, pensez-vous que c’est une bonne chose de mettre en place la garde alternée quand l’enfant n’a pas la notion du temps ? Quand il n’a pas la notion d’une heure, d’une journée, d’une semaine ? Comment va se sentir un enfant à qui sa mère lui dit : « je te récupère dans une semaine  » alors qu’il n’a aucune notion de durée ? Sans la notion de durée dans son esprit, l’enfant en bas âge va souffrir de ressentir une séparation trop longue et pourra se sentir abandonné. L’enfant n’a pas à se sentir abandonné par sa mère ou par son père. C’est pourquoi une garde alternée avec un enfant trop jeune est déconseillée. Quand l’enfant commence à être plus mature et a avoir sa pensée propre, il est aussi intéressant de lui demander son avis sur la garde alternée. Personnellement mes enfants qui ont 7 et 9 ans sont en mesure de donner leur opinion sur la garde alternée. Ils ont la maturité pour avoir leur propre avis sur la garde partagée mais chaque enfant est unique et différent. Certains enfants seront plus matures à un âge plus avancé. Mais attention d’être des parents ouverts quand vous questionnez votre enfant.

3. Le domicile de chaque parent : vouloir préserver l’intérêt de l’enfant, c’est éviter de lui rendre la vie compliquée et fatigante. Donc faites-en sorte de ne pas être trop éloignés l’un de l’autre pour que le quotidien soit pratique pour l’enfant et qu’il ne passe pas sa semaine à courir d’un lieu à l’autre. Il n’a pas à subir des déplacements trop longs et épuisants entre vos deux domiciles. Idéalement, le mieux est que l’enfant reste dans la même crèche, la même école, le même lycée qu’avant la séparation s’il y a des amis et qu’il s’y sent bien.

Pensez-aussi que si vos domiciles sont trop éloignés, non seulement votre enfant ne sera pas reposé, mais vous aussi, vous serez éreinté par vos contraintes professionnelles, personnelles et les déplacements de votre enfant. Un parent éreinté ne fait pas un enfant heureux.

Faites aussi en sorte que l’enfant se sente bien dans chaque domicile, qu’il ait sa propre chambre et qu’il y ait ses repères.

4. L’activité professionnelle de chaque parent : vérifiez que votre métier est compatible avec une garde alternée. C’est important d’être disponible pour votre enfant quand c’est votre « tour de garde ».  Si vous êtes tout le temps en déplacement professionnel et que vous payez une nounou pour garder votre bambin, quel est l’intérêt de la garde alternée ? C’est pareil si vous confiez en permanence (pendant votre semaine de garde) votre enfant à de la famille ou des amis en raison de votre mode de vie. Car quel est l’intérêt de la garde alternée si votre enfant ne vous voit pas la moitié de son temps ? La qualité du temps passé avec votre enfant est beaucoup plus importante que la quantité. Et si vous manquez de temps en raison de contraintes professionnelles fortes, pensez-vous qu’il vaut mieux pour son intérêt que votre enfant soit gardé par quelqu’un de plus disponible que vous à savoir l’autre parent ? Ou par quelqu’un qui n’est pas vous et qui lui est moins proche ?

5. Vos moyens financiers de parents : la garde alternée coûte plus cher que la garde classique car il faut un minimum de matériel, de jouets et d’affaires en nombre pour que l’enfant soit en double résidence. Par exemple, il aura besoin de mobilier en double (bureau pour faire ses devoirs, lit, table de chevet, linge de lit…) : chez la maman et chez le papa. Les déplacements entre les deux domiciles représentent aussi des dépenses en transport ou en essence. Une double résidence est un grand changement dans la vie d’un enfant alors il est important de lui faciliter la vie dans son quotidien. Pour lui éviter de se trimbaler une valise entre deux domiciles, il sera plus simple pour lui de posséder une garde-robe dans chaque logement parental. Ce n’est pas gratuit mais c’est le prix du confort de l’enfant.

Si vous pensez que ce mode de garde est le plus adaptée à votre enfant mais que vous avez toujours peur des répercussions de ce changement sur le bien-être de votre enfant ou si l’un des parents craint une séparation trop longue, une solution est de mettre en place une garde alternée avec des durées de séparation progressives par exemple deux jours et une nuit pour la mère, deux jours et une nuit pour le père pour commencer. C’est quelque chose qui peut se tester temporairement car il faut que l’enfant et les parents trouvent plus d’avantages à cette nouvelle organisation que d’inconvénients. Si tout le monde s’adapte, vous pourrez augmenter la durée de séparation (ou pas selon les besoins) mais si inversement, cette transition vers la garde alternée se passe mal, la remettre en question s’impose. 

En vérité, le mode de garde qui favorise le bien-être de l’enfant dépend vraiment des intentions réelles de sa mère et de son père. Si le couple parental met de côté ses différends et vise en priorité l’épanouissement de l’enfant et son intérêt, il n’y a aucune raison que la garde partagée se passe mal. L’enfant est une éponge émotionnelle, intuitivement, il sait si ses parents sont de bonne volonté et réfléchissent à son intérêt. Au contraire, il sait s’il devient une cause permanente de disputes entre ses parents et leur sert de lien pour entretenir un climat de haine.

Si l’enfant est pris en otage par l’un des parents pour faire du mal à l’autre, le mieux est d’éviter autant que possible qu’il soit en présence de ces deux parents lorsqu’il passe d’un domicile à l’autre. Le moyen de le faire est qu’un parent le dépose à l’école le lundi matin et que l’autre parent récupère l’enfant le soir. Gardez en tête qu’une garde alternée augmente la fréquence des rencontres et des échanges entre les parents. C’est pourquoi elle est plus adaptée à des parents qui s’entendent plutôt bien ou font des efforts pour retenir leur colère dans cette situation de séparation de couple.

Si vous ne pouvez voir votre ex en peinture et que sa vue vous met très mal à l’aise, si votre communication est malsaine, la pertinence de mettre en place d’une garde alternée est remise en question. L’enfant ne soit pas rester au coeur de votre conflit de couple et s’exposer à vos querelles toxiques pour lui.

N’hésitez pas à  me dire dans les commentaires si vous avez mis en place une garde alternée, si vous le vivez bien et surtout quel âge avait votre enfant lors de la mise en place de la garde partagée ? Cela aidera des mamans et des papas à savoir si la garde alternée est la solution qui leur convient. Pensons à l’intérêt de nos enfants !

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lanouvellemamansolo

Le site de référence pour les parents en recherche d'épanouissement personnel après une séparation ou un divorce... Pour en savoir un peu plus sur moi, RV sur ma page "A propos" ;)

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