Comment garder la maitrise de soi et faire face à l’agressivité en situation de conflit ?

Qu’est-ce que la maitrise de soi ?

Le synonyme qui vient spontanément au mot maitrise est contrôle. La maitrise de soi (self-control en anglais), c’est la qualité de contrôle de soi. C’est la faculté de résister à tout évènement extérieur, à tout élément extérieur susceptible de modifier son propre état.

C’est une force et un atout pour rester fidèle à soi-même, à ses valeurs et à ses objectifs.

C’est donc une forme d’auto-discipline qui permet de garder les rênes de ses actions et actions.

Grâce à la maitrise de soi, vous ne vous laissez pas emporter dans des directions qui ne sont pas compatibles avec ce que vous êtes et ce que vous désirez au plus profond de vous.

La maitrise de soi vous permet de :

• Neutraliser vos impulsions, vos réflexes, vos réactions automatiques
• Contrôler le ton de votre voix et les mots utilisés lors d’un dialogue
• Dire NON quand c’est la meilleure réponse pour vous 
• Dire STOP quand c’est la meilleure réponse pour vous et mettre fin à une situation qui ne vous convient plus
• Ne pas tomber dans des excès qui se retournent contre vous et contre vos intérêts
• D’arrêter définitivement toute habitude ou tout comportement nocive pour votre santé, votre bien-être, votre confiance en vous 

Savoir se maitriser permet de gagner du temps et de l’énergie. En effet, la maitrise de soi permet de se fixer un but en accédant à toutes les étapes  pour les atteindre sans le laisser distraire, tenter ou perturber.  Vous vous protéger donc de l’auto-sabotage.

Et en ne cédant pas aux sirènes extérieures qui vous détournent de ce que vous êtes et de ce que vous faites, vous ne vous épuisez pas inutilement. L’énergie est extrêmement précieuse quand on est séparée, divorcée et mère ! Alors économisez-là. Il sera utilisée de manière utile pour votre quotidien et les projets qui vous tiennent à coeur.

Hélas, savoir se maitriser n’est pas toujours chose aisée ! C’est facile de dire qu’il vaut mieux rester calme en toute situation, rester imperturbable quoiqu’il arrive. Quand il s’agit de l’appliquer, c’est une autre paire de manches ! 

Pourquoi c’est si difficile de garder la maitrise de soi ?

• La société moderne et ses multiples sollicitations favorisent le stress et l’épuisement des parents. Et la fatigue pousse à ne rien faire ou à limiter ses efforts. Garder la maitrise de soi alors que vous êtes éreintée, c’est un exercice ardu
• Les émotions incontrôlées poussent à agir de manière irréfléchie et parfois même irresponsable. Même si vous savez que ce n’est pas le moment de vous mettre en colère, c’est « plus fort que vous », vous explosez de colère. 
• Le poids des années de mauvaises habitudes est si lourd que s’en libérer demande de se défaire des actions automatiques. Cela implique d’en prendre conscience et donc de réfléchir avant d’agir. Et cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut du temps
• La maitrise de soi n’est pas perçue comme une priorité et elle ne fait pas vraiment rêver en ce sens qu’elle n’est ni associée à la joie ni au plaisir

Comment renforcer et garder la maitrise de soi ?

Plus vous apprendrez à garder le contrôle de vous-même et plus votre vie sera sereine et heureuse. Parce que la maitrise de soi s’applique à vos relations mais aussi à votre santé et à tous les domaines de vie. Une personne équilibrée, qui a un bon niveau de maitrise d’elle-même, saura éviter les excès. Elle est mieux protégée :

• Contre les excès alimentaires, les excès d’alcool, de drogue et toute forme d’addiction comme les jeux d’argent, le travail, la cigarette, les écrans, les réseaux sociaux et internet en général 
• Contre toute forme de compulsivité comme les achats de vêtements
• Contre les explosions de colère et tout comportement déplacé qui pousse à commettre des choses regrettables pour soi et les autres (violence physique, mise en danger d’autrui, licenciement pour faute grave…)

D’autre part, une personne qui a une grande maitrise d’elle même est moins manipulable que les autres.

En situation de séparation ou de divorce, la maitrise de soi est la meilleure arme pour rebondir plus vite et faire face à toutes les sources potentielles ou réelles de tensions et de conflits.

Une première clé pour garder le contrôle d’une situation c’est d’:

– Identifier les situations à risque de manière exhaustive : en effet, il y a des lieux, des personnes, des sujets, des situations où vous êtes plus vulnérable. Il y a des paroles, il y a des qui automatiquement déclenchent une réaction incontrôlée chez vous. C’est le moment de tous les recenser. Voici quelques exemples qui pourraient faire partie de votre liste : 

1. Le retard d’1h du père de vos enfants à votre rendez-vous pour les récupérer
2. Le retard de paiement de la pension alimentaire ou son montant ou tout autre sujet qui la concerne 
3. Le fait d’avoir coupé les cheveux de votre enfant sans votre accord
4. Le fait que le père de votre enfant a oublié quelque chose comportant concernant votre enfant pendant sa semaine de garde

Visualiser la situation déplaisante qui se produit et répondez à ses questions :

• Que ressentez-vous ? Quelle(s) émotion(s) vous traverse ?
• Qu’est-ce qui vous met dans cet état ? Quelle est la valeur qui a été piétinée par cette situation (justice, respect, politesse …) ?
• Que pourriez-vous dire ou faire pour ne pas avoir le sentiment de subir la situation ? Par exemple, si les retards sont habitudes, pouvez-adapter votre emploi du temps pour en tenir compte ? 

Il est aussi important de comprendre quels sont vos avantages à être maitresse de vous-mêmes. Que risquez-vous si vous ne l’êtes pas ?

Lister les conséquences potentielles de votre manque de maitrise de vous

Voici quelques exemples qui pourraient faire partie de votre liste de conséquences négatives: 

1. La grande fatigue émotionnelle qui vous rend incapable de vous occuper de vos enfants et accomplir tous les devoirs du quotidien
2. Des paroles violentes dites au père de votre enfant devant celui-ci qui contribuent à faire grandir son mal-être face à ses parents en conflit
3. Des paroles violentes dites au père de votre enfant qui enveniment tant votre relation parentale que la communication sans passer par un médiateur ou un avocat couteux est impossible

– Anticiper les réponses aux situations à risque. L’idée est d’éviter de se trouver dans une situation où vous avez une seconde d’hésitation pour réagir et que vous réagissez mal, c’est-à-dire d’une façon qui se retourne contre vous. Afin d’éviter cela, établissez à l’avance un plan d’action, une réponse appropriée qui vous convient. Par exemple, si vous débordez de colère et que vous ne vous maitrisez plus, vous pouvez prévenir votre interlocuteur, avec le plus de tact possible , que vous avez besoin de vous absenter.

– Prendre conscience de ses émotions : une émotion est le signe qu’un de vos besoins (ou plus) n’a pas été comblé. Ecoutez-donc vos émotions et ce qu’elles ont à vous dire sur vous-même. Et trouvez le moyen de les combler.

– Entretenir la motivation à garder son self control face à une situation compliquée. C’est utile de se rappeler pourquoi vous voulez mieux vous maitriser face à une situation difficile ou désagréable. Par exemple: vous voulez inspirer votre enfant, vous voulez lui montrer le bon exemple pour bien l’éduquer. Une de mes motivations pour garder le contrôle de moi-même est que cela m’évite de subir toute forme de manipulation mentale. Et vous, quelles sont vos motivations

– S’encourager grâce à des citations inspirantes

« Il n’est pas très facile d’admettre que la force morale possède autant de pouvoir et de vertu que le coup de poing; et que la maitrise de soi qui refuse la riposte requiert plus de volonté et de courage que le réflexe automatique de rendre coup pour coup. »

                                                        Martin Luther King

– Noter ses progrès : c’est un excellent moyen de garder l’enthousiasme et l’énergie pour travailler la maitrise de soi. Noter dans un carnet de réussites toutes les fois où vous avez dû faire preuve de maitrise de soi et où vous y êtes arrivée. Vous gagnerez aussi en confiance en vous et vous serez fière !

– Passer du temps auprès d’une personne modèle : rien n’est plus puissant que le soutien et l’inspiration d’une personne qui incarne une qualité que vous souhaitez développer

La maitrise de soi est d’un énorme secours quand un échange devient de plus en plus tendu entre deux personnes.

Comment faire face à l’agressivité de son interlocuteur ?

• Assurez-vous de vous sentir en sécurité physique . C’est un extrêmement important pour une femme lorsqu’elle a un échange avec une tierce personne de se sentir en sûreté. Car sans cette sécurité, elle ne sera pas assez sereine pour avoir un échange franc et constructif. Et il ne lui sera pas possible d’être dans une relation d’égal à égal si elle se sent menacée. Si votre interlocuteur monte en agressivité et que vous vous sentez mal à l’aise, si votre petite voix vous siffle que la situation peut dégénérer, prenez congé pour vous protéger.
• Eviter de rentrer dans la surenchère d’agressivité, gardez le ton le plus neutre possible. Face à une personne agressive, répondre par la pareille, ne mène à rien d’utile et de constructif. Vous allez perdre beaucoup énergie et de temps en répondant au négatif par le négatif. Et votre relation s’en trouve de plus en plus dégradée.  Quand il s’agit du père de votre enfant, ce n’est pas l’intérêt de votre fils ou de votre fille d’aggraver le lien
• Savoir gérer sa propre colère : Réprimer sa colère ne l’en libère pas. Elle a quelque chose à révéler vous concernant et vous allez réduire ses fréquences et son intensité en veillant à respecter le besoin ignoré qui la réveille. Cela dit, la colère, même si elle doit être écoutée, doit s’exprimer dans un cadre et à un moment adéquat. Libérer sa colère devant la mauvaise personne ne peut que vous causer du tort à moyen ou long terme. Dans la situation qui vous met en colère, vous pouvez vous poser des questions constructives comme : « Que penserai-je si je voyais quelqu’un exploser de colère dans la même situation ?, « Comment je me sens après avoir vécu la situation qui m’a mise en rage ? » Quand vous sentez que la colère monte, prenez le temps qu’elle redescende, respirez un bon coup ou essayez de penser à quelque chose qui vous apaise (une personne qui vous soutient et que vous aimez, une image de vacances…)
• Ne pas se laisser influencer par les attaques personnelles et les insultes. En situation de conflit, votre interlocuteur désagréable, dans le cas d’un divorce et d’une garde alternée, risque de vouloir vous atteindre en vous visant par des propos pour vous blesser, pour vous critiquer ou pour vous faire culpabiliser. Face à des phrases non constructives et volontairement méchantes, l’indifférence et la maitrise de soi sont les meilleures réponses. Le père de vos enfants vous parle mal que ce soit en disant du mal de ce que vous êtes ou de ce que vous faites. La meilleure réponse est de montrer que ses dires malveillants ne vous atteignent pas. N’essayez pas de le raisonner en vous justifiant. Cela ne ferait que le relancer dans ses propos diffamants

Voici quelques phrases que vous pourriez réponse face à une critique, une accusation ou  tout propos non constructif visant à vous perturber :

• C’est ce que tu crois
• C’est ton point de vue, c’est ton avis
• C’est ce que tu penses
• Tu peux penser cela (sous entendu, ce n’est pas votre cas)
• Tu ne m’en voudras pas de ne pas être d’accord

L’idée est que lorsque la conversation dérive vers un hors sujet (ici ce sont des reproches, critiques qui n’ont pas leur place), vous allez faire revenir votre interlocuteur vers le sujet de votre conversation en affirmant : « et maintenant, que décide-t-on ?  » , ou « que proposes-tu concrètement ? » , « qu’est-ce que tu veux clairement ? »

• Se rappeler l’objectif de votre échange et se focaliser dessus

Vous êtes en train de dialoguer avec une personne avec qui l’échange manque de fluidité, de facilité et de bienveillance. La tension est là et elle monte. Evaluez si la conversation peut redescendre en pression et atteindre son objectif.

Restez concentrée sur cet objectif. Par exemple, rappelez-vous que vous n’êtes pas venue pour échanger des banalités ou pour vous disputer mais parce que vous devez trouver un accord mutuel concernant votre séparation ou votre divorce. Donc avancez ensemble sur les différents points à aborder.

• Savoir se protéger en coupant court : Une tension grandissante lors d’un échange verbal peut être désamorcée. Néanmoins si vous sentez que votre interlocuteur est juste présent pour se défouler sur vous, ne perdez pas votre temps et protégez-vous en mettant fin à l’échange.  

Face à l’agressivité de votre interlocuteur, n’espérez pas qu’elle s’arrête brusquement, bien sûr cela peut arriver mais vous n’avez aucun pouvoir sur son comportement. Le plus important, c’est que vous appreniez à réagir sans vous laisser désarçonner. Ce ne sera pas facile au début mais persistez et vous ferez des progrès au fur et à mesure.

Le temps et votre volonté de changement pour garder votre sang-froid  finiront par porter leurs fruits.