J’ai demandé à la maman blogueuse Marie Vincent de nous raconter son expérience de la parentalité positive qu’elle applique avec son mari à ses 2 enfants de 3 et 7 ans. Elle a beaucoup lu sur l’éducation positive, un sujet qui m’intéresse beaucoup. Elle a écrit cet article qui s’adresse à tous les parents, qu’ils soient en couple comme elle ou solo comme moi :
Victimes d’un préjugé de la société selon lequel il faut être deux pour avoir une famille épanouie, les parents solos ont souvent peur de ne pas assez bien éduquer leur enfant. Cette inquiétude n’est bien sûr généralement pas fondée car ces parents courageux font de leur mieux pour élever leur progéniture. Mais il est indéniable que si les parents solos, souvent des femmes, vivent seules, elles n’ont ni le regard extérieur ni le soutien que pourrait apporter un papa présent au quotidien. Du coup, beaucoup de mères célibataires se renseignent sur les meilleures « méthodes » et outils pour réussir l’éducation de leur enfant.
Il y a un courant éducatif très en vogue en ce moment et dont vous avez sans doute entendu parler : la parentalité positive. Pour faire simple, c’est un type d’éducation à l’opposé des méthodes traditionnelles basées sur le principe punitions-récompenses, qui est l’éducation que nous avons reçue. Dans cet article, je vais vous expliquer ce qu’est cette méthode et comment l’appliquer à la maison et à l’école.
C’est quoi la parentalité positive ?
La parentalité, c’est notre métier de parents, un des plus difficiles qui soit 🙂 La parentalité, ce n’est pas juste mettre un enfant au monde, c’est le préparer à devenir un adulte conscient, responsable, épanoui et à l’aise dans le monde. Lourde responsabilité, n’est-ce pas ? La parentalité positive, ou bienveillante, prône de respecter les besoins de l’enfant. Besoins d’affection, de sécurité, de respect. La parentalité positive demande d’adopter un style d’éducation qui réponde aux besoins de l’enfant, centré sur son bien-être, où les parents font preuve d’affection, de douceur, de réceptivité et de soutien.
En gros, la parentalité bienveillante, c’est le juste milieu entre un style d’éducation autoritaire (celui que nous avons presque tous eus) et un style d’éducation permissif/laxiste. Elle est bienveillante tout étant ferme, elle fixe des limites dont l’enfant a besoin pour se développer et s’épanouir. Tout le monde ne peut qu’être d’accord, non ? Enfants, nous aurions tous rêvé d’avoir une telle éducation ! (Au lieu de devoir passer notre vie d’adulte à nous remettre de notre enfance…).
Nous aurions aimé que nos parents nous comprennent au lieu de nous juger, qu’ils ne nous donnent pas de fessées, ne nous crient pas dessus, ne nous punissent pas, soient à l’écoute, disponibles…. Eh bien, la parentalité positive, c’est ça. Sauf que… dans la pratique, c’est plus facile à dire qu’à faire. Malgré tout notre amour et nos bonnes intentions, nous avons souvent du mal à faire face à certaines situations : colères, « caprices », pleurs, indiscipline, disputes entres frères et sœurs, etc. Dans ces moments, notre cerveau choisit de réagir spontanément par les seuls comportements que nous connaissons car nous les avons nous-mêmes reçus : crier, punir, menacer, faire du chantage, etc. Qui sont toutes des formes de violence ordinaire. Il faut être « formé » et informé si on veut être un parent bienveillant. Ça ne coule malheureusement pas de source, et c’est un challenge de tous les instants. La méthode autoritaire semble plus « efficace » et surtout plus simple pour « dresser » un enfant et se faire obéir de lui. Si vous adoptez la parentalité positive comme philosophie, il se peut que d’autres parents vous critiquent, et rétorquent : « J’ai eu des fessées (ou j’ai été puni) et je ne m’en porte pas plus mal. »). Oui, sauf que non, justement ! Ils croient qu’ils se portent bien mais leur enfant intérieur a enfoui toutes les blessures, et a évacué la douleur de leur mémoire pour se protéger. Toutes les blessures de l’enfance génèrent tôt ou tard des dégâts psychologiques variables, dont nous n’avons pas toujours conscience. Tout ceci a été prouvé par la recherche scientifique. La méthode autoritaire est efficace à produire des enfants sages et dociles mais qui bouillent intérieurement, sont moins épanouis qu’on ne le croit ou développent des névroses. Si le sujet vous intéresse, je vous recommande le site de l’Association Discipline Positive.
D’ailleurs, un livre best-seller pour appliquer la parentalité ou discipline positive quand on est parent solo est sorti.
Je recommande vivement sa lecture (cliquer sur l’image pour avoir le détail du livre écrit par la célèbre psychologue Jane Nelsen) :
Comment appliquer la parentalité positive à la maison ?
Ça vous intéresse de devenir un parent bienveillant ? Voici quelques principes à suivre dans votre quotidien :
– prenez d’abord conscience de vos propres blessures d’enfant, de ce que vous n’avez pas aimé dans votre enfance, votre éducation ou la façon dont vous avez été traitée. Ainsi, vous éviterez de reproduire des modèles parentaux néfastes.
– accueillez les émotions et sentiments de l’enfant (plutôt que de les nier ou de les juger) : peur, chagrin, colère…
– posez des limites raisonnables et appropriées, adaptées aux compétences de l’enfant, en fonction de son stade de développement psychomoteur et affectif (ex : on ne punit pas un petit de 2, 3 ans parce qu’il n’a pas rangé sa chambre.)
– évitez d’avoir recours aux châtiments corporels (fessées, etc.), aux punitions et aux récompenses pour résoudre les conflits ou « discipliner » l’enfant.
– respectez son rythme
– accueillez ses besoins (ce ne sont pas forcément des « caprices »!)
En définitive, la parentalité positive, c’est travailler sur soi-même pour instaurer une relation positive avec son enfant et l’accompagner dans son épanouissement. L’idée est de traiter l’enfant comme nous voudrions être traité et de ne pas le considérer comme un être inférieur sous prétexte qu’il est plus jeune. A chaque fois que vous avez une réaction négative envers votre enfant, demandez-vous si vous traiteriez un adulte de la sorte. Si un de vos amis vient chez vous et casse un objet fragile qu’il aurait tripoté, le gronderiez-vous et l’enverriez-vous au coin ? Non, vous seriez tolérants, compréhensifs… Je ne vois pas pourquoi les enfants devraient être traités moins bien que les adultes.
Soyons bien d’accord, l’idée n’est pas d’élever des enfants-roi, ou des enfants tyrans dont les besoins seraient supérieurs à ceux des parents, non. Il s’agit d’établir une égalité, une équité, une démocratie au sein de la famille : ce ne sont pas les parents qui ont le pouvoir (méthode autoritaire), ce ne sont pas non plus les enfants qui ont le pouvoir (méthode permissive), le pouvoir est partagé. J’entraîne mes enfants à respecter mes besoins (besoin de repos, de travailler sur mes projets personnels, de sortir, etc.) tout en m’efforçant de respecter les leurs.
Comment appliquer la parentalité positive à l’école ?
Vous avez peut-être beaucoup de chance et l’école de votre quartier (qu’elle soit publique ou privée) est une école où les enseignants sont passionnés, bienveillants, doux, affectueux, où les enfants sont épanouis, heureux d’aller à l’école, respectés. Où il n’y a pas de violences, de brimades, de harcèlement, et où le niveau est bon : tant mieux, le reste de cet article ne vous concerne pas ! En revanche, cette description ne correspond pas à toutes les écoles normales, voire même à la majorité d’entre elles. C’est pourquoi a vu le jour le concept de ce qu’on appelle école alternative : des écoles un peu différentes de ce que propose l’Éducation nationale, des écoles où la bienveillance et le respect de l’élève sont les maîtres mots.
Les écoles alternatives les plus connues (et à la mode) sont les écoles Montessori, surtout à Paris. Dans ces écoles, les enseignants n’ont pas le droit de crier sur les élèves, de les punir. Ils ne les forcent pas à apprendre telle ou telle chose ou à faire telles activités. Les violences entre élèves, s’il y en a, sont gérées et réparées, et non ignorées. L’enfant est libre et acteur de ses apprentissages (d’où le terme de pédagogie active pour désigner les pédagogies Steiner-Waldorf, Freinet, etc.). Ces courants éducatifs sont majoritairement apparus dans les années 1920 avec ce qu’on appela « l’éducation nouvelle », un mouvement visant à réformer les façons d’enseigner. Façons d’enseigner héritées du XIXe siècle, à l’époque où on voulait dresser les enfants pour en faire de bons petits soldats et de bons éléments pour travailler à l’usine. On ne cherchait pas à former de futurs adultes créatifs, capables de s’adapter. Hélas, le modèle du XIXe siècle est toujours à l’œuvre dans de nombreuses écoles actuelles. Heureusement, la situation est en train de changer doucement, y compris dans les écoles publiques, avec des enseignants qui introduisent des modes d’enseignement plus bienveillantes comme la méthode Montessori (cf. l’expérience Céline Alvarez qui a défrayé positivement la chronique et inspiré des milliers d’enseignants). Si la parentalité positive vous intéresse, vous devriez vous renseigner sur ces écoles bienveillantes.
Oui, mais ces écoles coûtent cher… Oui, mais j’ai peur que mon enfant ne s’adapte pas à la société et au monde de l’entreprise plus tard s’il est « protégé » de la violente réalité. Oui, mais quid du niveau de ces écoles ? J’aimerais bien qu’il fasse médecine ou soit ingénieur. Et puis, ce ne sont pas des écoles de hippies d’abord ? Ou même des sectes ? 🙂 Heureusement que les parents des pontes de Google, Amazon, et autres Facebook n’avaient pas toutes ces craintes en les inscrivant dans une école Montessori, sinon ils ne seraient pas ce qu’ils sont aujourd’hui et n’auraient pas eu la créativité pour inventer leurs produits ! Ceci dit, je comprends vos peurs mais elles sont dues à une méconnaissance de ces pédagogies. Au contraire, non seulement ces écoles préparent très bien au monde de demain, mais en plus, elles font des adultes épanouis, novateurs, doués. De nombreuses recherches ont été menées sur les élèves issus de ces écoles et ils ont un excellent niveau académique général mais aussi dans les disciplines artistiques/manuelles. Votre enfant pourra donc bien devenir médecin ou chercheur s’il le souhaite. Mais il pourra surtout devenir artiste, artisan, faire de sa passion son métier. D’ailleurs, les élèves Montessori sont des matheux ! Après, bien sûr, il y a aussi de mauvaises écoles dans les écoles alternatives puisqu’elles sont mises en œuvre par des humains, qui sont par essence faillibles et capables d’erreurs. Toutes les écoles ne se valent pas, et la référence à un grand pédagogue n’est pas toujours signe de qualité si sa méthode est mal appliquée/dévoyée. Méfiance donc avant d’inscrire votre enfant.
Depuis qu’ils sont dans une école alternative, mes enfants, très timides à la base – comme moi – se sont épanouis, ouverts, éveillés. Ils ont développé de belles relations avec leurs enseignants et aiment leur école. Ils ne voudraient pas en changer. Et ça, ça n’a pas de prix.
Je précise que cet article n’a pas pour but de convaincre, d’influencer ou de faire du prosélytisme éducatif mais juste d’informer, de partager mon expérience (positive) de l’école alternative. Quant à ma quête personnelle d’être une maman bienveillante/positive, je ne peux pas dire que je l’ai achevée, loin de là. 🙂 Je continue de faire des erreurs, d’avoir des réflexes violents que je n’aime pas (comme le chantage, faire du forcing pour parvenir à mes fins, ou crier sur mes enfants quand je suis à bout) mais j’avance. Le juste milieu est parfois difficile à trouver, je suis parfois trop dure, parfois trop permissive et souvent trop fatiguée car j’ai du mal à jongler entre mes enfants et mes projets professionnels/personnels (la parentalité positive est dure à appliquer en cas de burn-out maternel !) Aucun parent n’est parfait et moi la première, mais j’essaie de m’améliorer tous les jours, je me remets en question, je m’informe, je doute, je m’interroge… Et je pense que c’est le plus important. 🙂
Merci à Marie pour cet article. Il est évident qu’elle défend l’éducation positive et les écoles alternatives. Je voulais partager avec vous cet article pour vous informer sur le sujet de la parentalité positive et des écoles type Montessori. Je sais que beaucoup de parents solos lisent ce blog et je ne voudrais surtout pas les culpabiliser de ne pas envisager une école « bienveillante ». Moi même mes enfants sont dans l’école publique et je n’envisage pas de changer surtout que cela coûte cher. Cela dit c’est toujours intéressant de savoir ce qu’il se passe ailleurs 😉
A très vite,
Alexandra
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