Petite enfance
Voici encore un sujet sensible qui de prime abord n’a l’air de rien… et pourtant, méfiez-vous, c’est souvent un sujet d’enjeux parentaux. Vous verrez au fil de mes articles que j’aime m’attaquer aux sujets sensibles, ce sont souvent les plus intéressants
L’autonomie est un vaste sujet qui touche tous les âges et plusieurs aspects de la vie de l’enfant. Allez, en route vers l’autonomie !! Ce qui se joue pour les parents…
La toute 1 ère étape menant vers l’autonomie commence par la naissance. Le bébé qui était jusqu’alors dans le ventre de sa maman doit dorénavant respirer seul, se nourrir seul et se faire comprendre quand il a besoin d’un câlin ou qu’on lui change sa couche. Quel saut dans l’inconnu ! Un enfant ne nait pas autonome, il le devient. Il ne peut devenir autonome que si son environnement lui permet. Environnement familial et matériel.
Si les parents ne lui laissent pas cette possibilité il y a peu de chance qu’il le devienne. Notre rôle en tant que parent, je le dis régulièrement c’est un rôle de guide, de tuteur, d’accompagnant. Un rôle qui nous positionne juste à côté de l’enfant et non pas au-dessus (pour rappel, bienveillance = coopération et non soumission/obéissance). Nous sommes là pour lui permettre de se révéler tel qu’il est et non pas tel qu’on voudrait qu’il soit. Et c’est souvent là un gros enjeu pour les parents : laisser suffisamment de place/d’espace à leur enfant pour qu’il apprenne à faire seul. « Aide-moi à faire seul » disait Maria Montessori (voir pédagogie Montessori). Il va s’agir de lui permettre de faire tout seul et non pas de faire à sa place. Un enfant apprend en faisant et en répétant encore et encore. Par souci d’économie ou de gain de temps, nous avons tendance à faire à sa place. Ce n’est pas lui rendre service 😉
Pour certains parents c’est très difficile car ils peuvent se sentir d’un seul coup inutiles, et ça se comprend ! Ils ont passé plusieurs mois avec un bébé en le nourrissant, en le changeant et d’un coup c’est comme si leur enfant disait « merci mais je n’ai plus besoin de toi ». Ça peut être une étape assez rude et je trouve ça plutôt pas mal de s’y préparer régulièrement au quotidien par des petites actions. Vous pouvez aussi bosser sur votre estime de vous si vous êtes adeptes du développement personnel 😉
Dans un 1 er temps je vous propose un récapitulatif de toutes les actions que vous pouvez faire au quotidien, âge par âge, pour vous donner des repères. Dans un second temps je vous propose des repères pour l’autonomie aux toilettes.
(Je n’aime pas le terme « propreté » ^^).
Les bébés (0 à 14 mois)
Si un bébé n’est clairement pas autonome nous pouvons quand même mettre plusieurs choses en place, notamment via la motricité libre. Il est donc préférable de laisser bébé par terre sur une couverture que dans un transat, ça lui permet
d’explorer son environnement.
Le tapis d’éveil est bien pratique mais laisse le bébé dans une position de spectateur, dès qu’il sait se retourner, préférez les jouets à sa disposition par terre. Lorsqu’il va commencer à se déplacer, respirez un bon coup et laissez le explorer son environnement avec tous ses sens. Il a besoin d’éprouver tout ça dans son corps pour connaitre ses limites. Restez à proximité au cas où mais laissez-le faire ses expériences, il verra de lui-même s’il est prêt ou pas.
C’est comme ça qu’il apprend à se faire confiance et cela participe à la construction de l’estime de soi. S’il veut grimper sur le canapé par exemple, laissez-le faire mais restez à proximité, la plupart du temps les bébés ne prennent pas de risques inconsidérés 😉
Le massage de bébé est excellent aussi pour qu’il appréhende les limites corporelles, vous pouvez soit les faire vous-même soit vous rapprocher de professionnels qui font des ateliers de massages bébé.
Motricité libre
Les explorateurs (15 à 36 mois)
A cet âge l’enfant commence à marcher et veut explorer. Pour l’aménagement de l’espace, on peut s’inspirer de la pédagogie de Maria Montessori.
Pêle-mêle vous pouvez :
- acheter un marche-pied pour qu’il puisse se laver les mains ou vous aider à préparer le repas (si vous avez les moyens, regardez la tour d’observation montessori ou faites-la vous–même si vous êtes bricoleur/se)
- le laisser étendre le linge avec vous, passer l’aspirateur…
- s’entrainer à verser de l’eau (du sable, de la semoule, des pois-chiche…) dans un pichet via
les outils de transvasement - le laisser manger seul avec sa cuillère. Même s’il en met partout au début, c’est pénible pour nous j’en conviens mais il faut qu’il s’entraine 😉
Cette liste n’est pas du tout exhaustive mais vous donne quelques idées. Disons qu’au quotidien, posez-vous de temps en temps en vous demandant s’il peut le faire. S’il manifeste aussi l’envie de faire quelque chose qui de prime abord ne vous donne pas confiance, demandez-vous si vous ne pouvez pas dans un 1 er temps lui montrer puis faire avec lui et enfin lui seul sous surveillance. C’est vraiment un travail qui prends un peu de temps au début (surtout en ménage quand il veut se servir
seul tout le temps mais en mets partout à côté ^^) mais qui vous en libère beaucoup après.
Les magiciens (3 à 6 ans)
C’est pour moi la période la plus sympa et la plus « productive » en terme d’autonomie, pourvu qu’on ait posé les bases avant. C’est aussi l’âge de l’entrée à l’école et l’autonomie s’acquiert aussi avec les copains/copines.
A la maison vous pouvez :
- Lui mettre un porte manteau à sa hauteur, ça lui permet de prendre lui-même son manteau le matin et de le ranger le soir. Idem avec un meuble à chaussures à sa hauteur
- Mettre ses assiettes/couverts/verres à sa hauteur et lui laisser mettre la table
- Lui demander de vider un ou deux trucs du lave-vaisselle, le faire participer (sans forcer) aux tâches ménagères
- Le laisser s’entrainer à s’habiller seul
- Le laisser choisir ses vêtements. Proposez 2 choix « ce pull ou celui-ci ?». S’il ne veut pas choisir n’insistez pas, c’est peut-être quelque chose de trop stressant encore
- Lui laisser le choix aussi souvent que possible, en utilisant les choix fermés. Cela le rend acteur de sa vie. (Choix fermés : « tu veux prendre ta douche maintenant ou après le repas ? » la douche sera prise quoiqu’il arrive mais vous détournez en lui laissant choisir son moment)
Je suis sûre que vous avez encore plein d’autres idées, n’hésitez pas à les partager en commentaire 😉
Ce qu’il faut retenir
Nous ne sommes pas omnipotents et mettre tout à disposition des enfants nous facilite vraiment la vie. Pour prendre un exemple perso, vers 2 ans ½ / 3 ans mon fils savait prendre son petit déjeuner (que
j’avais laissé à sa hauteur dans le placard), se servir à boire, faire fonctionner le micro-onde et se mettre la télé (^^), ça nous permettais de rester quelques instants de plus au lit le week-end (bon j’avoue c’est un lève-tard donc la plupart du temps je suis levée avant ;))
Les enfants sont tous différents et il est aussi important de s’adapter à eux. Par exemple, même s’ils savent s’habiller seul, le matin parfois ils sont fatigués et ça peut être difficile pour eux, n’hésitez pas dans ce cas-là à les habiller, c’est plus sympa pour tout le monde.
Tout est une question de dosage et ce qui fonctionne un jour ne fonctionnera pas forcément le lendemain, restons souples et flexibles !
Autonomie aux toilettes
Pour qu’un enfant puisse aller aux toilettes de manière autonome et donc se passer de couches, il faut plusieurs conditions : physiologique et psychiques.
Condition physio : l’enfant sait monter un escalier en alternant les pieds
Conditions psychiques : l’enfant comprend ce qu’on attend de lui et accepte de grandir.
S’il peut être prêt sur le plan physio, c’est-à- dire maitriser l’ouverture de ses sphincters, il n’est peut- être pas prêt sur le plan psychique. En effet, nous les occidentaux, avons une norme sociale, c’est l’entrée à l’école à 3 ans, entrée à l’école qui coïncide avec l’arrêt des couches. Malheureusement, on constate que cette « dead line » n’est pas du tout dans le respect du rythme de l’enfant, c’est une obligation sociétale. Un enfant de 3 ans est encore petit pour être autonome aux toilettes et cela demande parfois pas mal d’efforts pour lui et engendre du stress chez les parents.
Je préconise un vrai lâcher-prise des parents, l’enfant ressent tout et si vous en faites un enjeu, cela va vraiment compliquer la tâche… soyez tranquilles, il ne portera plus de couches à 18 ans 😉
Si l’enfant n’est pas « propre » à l’entrée en maternelle en général il le deviendra assez vite par imitation. Dans le cas contraire, si vous avez la possibilité de ne le mettre que la matinée c’est top. Dans certaines écoles vous pourrez aussi trouver une solution avec la maîtresse.
Si vous n’avez aucune solution de rechange, je préconise un dialogue avec votre enfant. Communiquez sur ce qu’il se passe pour vous, pour lui, en toute franchise (message « je », aidez-vous de la communication non-violente si nécessaire, on est parfois maladroits avec nos mots…).
Quoiqu’il arrive vous ne pourrez pas le forcer et si cela se passe avec la contrainte cela ne fera que retarder ce moment.
Je vous propose quelques pistes :
- Acheter différents modèles pour que l’enfant puisse choisir ce qui lui convient le mieux, un pot et un réducteur sur les toilettes. Certains enfants préfèrent le pot, d’autres le réducteur
- Lui proposer de temps en temps dans la journée, sans insister. Si c’est l’été essayez de le mettre tout nu
- Lire des livres sur le sujet
Quelques précisions : Si vous avez un pot, il s’agira de l’utiliser aux toilettes et non pas le trimballer dans toute la maison.
A bannir : le tableau de récompenses (les gommettes qu’on colle à chaque pipi). D’une part aller aux toilettes pour y faire ses besoins est une chose normale et il finira comme tout le monde par y aller, pas besoin d’une « carotte » pour le forcer s’il n’est pas prêt , d’autre part cela le rends dépendant du jugement d’autrui, il va aux toilettes non pas par envie mais pour faire plaisir à papa ou maman, ce qui vous en conviendrez pose problème.
Pour conclure…
L’autonomie s’acquiert tout au long de l’enfance et de l’adolescence et notre rôle est de guider nos enfants progressivement. Certains enfants sont autonomes très vite, pour d’autres il leur faut du temps. A nous de respecter leur rythme et de s’adapter 😉
A bientôt !
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